Planète Bodor Système Bator
Historique
Au lever du soleil, une pale lueur se dessine a travers le brouillard et les gaz toxiques pour marquer le début d’une nouvelle journée sur la planète Bodor. Les habitants de cette planète, la quatrième à partir du soleil dans le système Bator, s’éveillent comme chaque jour dans l’ombre du gouvernement oppressif. Avec quatre-vingt deux pour cent de la population concentres sur deux pour cent du territoire, la maladie, la pauvreté et le crime sont de rigueur.
Le reste de la planète est inhabitable, non pas parce qu’il est incapable de soutenir une forme de vie humaine, mais parce qu’l recèle des richesses cachées que les Corporations exploitent sans aucun scrupule. Pour les rares privilégiés, le monde n’est plus qu’un cadre propice a de sinistres activités. un lieu dont ils peuvent s’échapper pour se rendre dans les planètes voisines lorsqu’ils le souhaitent. Mais pour la majorité, il s’agit d’un environnement infernal qui n’offre qu’une protection limitée contre les gaz toxiques qui contaminent une grande parte de la population. Loin des tyrans au pouvoir, aucun espoir de travail, ni même de survie !
Au coeur de cette oppression, deux Corporations se livrent a une lutte impitoyable dont l’unique objectif est de dominer le monde des affaires pour acquérir le titre de « Corp 1 ». La conscience publique n’arrive jamais à oublier, même l’espace d’un instant, la guerre implacable qui fait rage entre les Corporations Cybertech inc. et Axiom. Cybertech, qui ne voulait pas de cette guerre, s’est retrouvée impliquée malgré elle pour un crime impardonnable : son statut de « Corp 1 ».
Nul n’ignore qu’Axiom tient Cybertech pour responsable de la mort de son ancien président, bien qu’elle ne possède aucune preuve pour justifier cette prétention. Depuis cette époque. Argen Stark, le président d’Axiom, cherche désespérément a regagner le statut « Corp 1 » et se montre prêt a tout pour y parvenir. Le déclin de sa prospérité menace d’être révélée face a la bonne fortune de l’empire Cybertech qui ne cesse de s’enrichir.
Stark est loin de se douter que l’occasion idéale va se présenter en utilisant la technologie microscopique au lieu des grandes offensives qui représentent sa tactique habituelle.
Chapitre 1
De la fenêtre de son bureau, Argen Stark contemple sans la voir la métropole tentaculaire qui s’étend a perte de vue et écoute son soi-disant « bras droit » lui raconter son dernier plan, sans vraiment y prêter attention. De l’autre cote de la ville, estompée par le brouillard, il distingue à peine la silhouette de l’immense bâtiment Cybertech.
Comme s’il se réveillait d’un cauchemar, le poids des mots de Karver le frappe en plein visage et son esprit parcourt rapidement les possibilités extraordinaires qui s’offrent a lui.
Le concept est extrêmement puissant, voire même risque ? Certainement. Mais les bénéfices potentiels sont aussi illimités.
« M. le président, si nous contentons de l’éliminer, un autre nouveau candidat sera bientôt « élu » à la présidence de Cybertech. Mais réfléchissez a ce que nous pourrions faire en prenant le contrôle de Korsby. Il deviendrait notre marionnette. »
Depuis son élection à la présidence de Cybertech Inc , Korsby a établi une véritable dictature commerciale. II ne lui a pas fallu plus de sept ans pour élever Cybertech a la position dont elle jouit actuellement : dans tous les milieux, son genie ne fait aucun doute. Ses politiques et sa maîtrise impitoyable de Cybertech ne donnent pratiquement aucune chance aux autres Corporations. Les affaires vont mal.
« M. le président, vous pourriez dominer Cybertech en plus d’Axiom, Il n’y aura plus aucune limite a votre pouvoir…
« Karver, tu m’intéresses ! Quel est ton plan ? »
Un sourire se dessine sur le visage de Karver, Il n’est vraiment heureux que lorsque son patron apprécie ses idées Non seulement parce que le respect du grand M. Stark rehausse sa fierté personnelle, mais bien plus souvent parce que les primes qui accompagnent ses éloges lui permettent de mener un style de vie extravagant. II se dirige vers la porte du bureau et Stark appuie sur le bouton d’ouverture discret a cote de son énorme bureau de bois. La porte s’ouvre dans un murmure discret et Karver fait signe d’approcher à une minuscule silhouette dans l’embrasure de la porte.
« Permettez-moi de vous présenter le Dr Knowles. »
Un homme de petite stature, au teint pale et légèrement. chauve, franchit la porte et se range aux cotes de Karver. Il semble un peu perdu dans le bureau de Stark aux allures de caverne.
La porte se referme dans un murmure et Stark effleure de la main le bouton de verrouillage.
« Docteur », prononce Stark sur un ton accueillant, Il a immédiatement reconnu le Dr Knowles qui est un des employés les plus prestigieux de Cybertech, à qui a été confiée la responsabilité des projets de développement les plus importants. Diplôme universitaire, il est entré immédiatement chez Cybertech âpres avoir été choisi personnellement par Korsby.
Knowles s’approche du bureau de Stark, mais ce n’est qu’en atteignant le meuble luisant qu’il remarque les deux géants qui encadrent le président d’Axiom.
« C’est un honneur de faire votre connaissance, M. Stark. » Le médecin s’avance dans l’espoir de serrer officiellement la main du leader.
« Certainement. » Stark ignore la main tendue. « Alors, que pouvez-vous faire pour moi ? » Retirant rapidement sa main, Dr Knowles répond à la question. « J’ai eu l’occasion de faire différentes expériences au cours d’un projet de miniaturisation, M. le président.
« Miniaturisation ? Un domaine qui en est encore aux premiers stades de son développement, il me semble. »
« C’était peut-être vrai il y a quelques mois, M. Stark, mais la situation a changé. »
« Continuez. »
Knowles oblige. « Aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai à ma disposition une technologie qui permet de s’infiltrer dans le corps humain et de le maîtriser en pénétrant le cerveau. Depuis un an, je travaille sur le programme le plus avancé entrepris jusqu’à présent par Cybertech, le projet MICRO ou les secrets de la miniaturisation. »
Le visage de Stark s’assombrit à cette idée. Axiom a consacre plusieurs milliards aux travaux de recherche sur la miniaturisation avant d’annuler le projet l’an dernier face à l’impossibilité de progresser.
« Je sais, rien qu’à votre visage et d’après ce que racontent certaines sources, qu’Axiom a effectué des travaux dans ce domaine, sans toutefois parvenir à aucun résultat. J’ai pourtant réussi là ou d’autres ont échoué et j’ai même approfondi les recherches pour aboutir à un usage disons « innovateur » de la technologie. »
« Pour être tout à fait franc, nous n’aurions aucune difficulté à pénétrer le cerveau d’un certain M. Korsby. »
Le médecin s’interrompt quelques instants pour permettre à l’idée de faire son chemin.
« J’ai développé des dispositifs qui, une fois miniaturisés, pourront être introduits dans le corps de Korsby ou – ce que j’appelle les capsules VO – s’attaqueront à des cibles bien définies. Plus important encore, un des dispositifs est configuré pour dominer son cerveau. Nommé MGrise, il s’agit d’un robot intelligent qui, une fois miniaturisé et injecté dans le corps humain, recherche le centre nerveux et s’y accroche. Ceci fait, MGrise intercepte toutes les impulsions du cerveau et y substitue des impulsions différentes. Nous pourrions donc injecter MGrise dans le corps de Korsby et le contrôler, à distance, à partir de tout endroit dans l’installation au moyen de ma console d’émission et de décodage d’implant encéphalique.
« MGrise nous permettra de recevoir les impulsions du corps de Korsby et d’agir en conséquence ou de les ignorer, selon le cas. Nous pourrons également intercepter les ordres donnés par son cerveau et choisir de les exécuter – s’il s’agit de fonctions corporelles habituelles comme la respiration, le mouvement des paupières, etc. – ou de les remplacer par nos propres instructions. Cet homme sera sous notre, ou plutôt sous votre emprise totale, M. le président, sans que ses subordonnés, ni lui-même, ne se doutent de quoi que ce soit. »
Un lourd silence pèse dans l’immense bureau.
Stark ne quitte pas des yeux Dr Knowles, qui ne se sent pas très à l’aise, même en sachant que si Axiom rejette son idée, Starr Commodities ou Pan-Bodor sera probablement intéressée. Stark fait signe à Karver de s’approcher. Karver réagit immédiatement. Au bout de quelques secondes de conversation inintelligible et de coups d’oeil furtifs vers Knowles, Karver reprend sa position aux côtés du docteur. Knowles lance un regard interrogateur à Karver qui y répond par un signe de la tête vers Stark. L’attention du docteur revient au président d’Axiom.
« Vos idées risquent de présenter un ou deux problèmes potentiels, Docteur, Peut-être pourriez-vous me rassurer en répondant à quelques questions. »
« Je ferai de mon mieux. »
« Qu’est-ce qui vous a pousse vous, un des principaux chercheurs de Cybertech, à me faire, à moi, une telle proposition ? »
« J’ai commencé à travaillé pour Cybertech il y a plus de six ans comme responsable des recherches, travaillant directement pour Korsby et sous ses ordres. J’étais en quelque sorte son bras droit et je jouissais du respect de tous pour la qualité de mon travail. Tout cela a change. Ces deux dernières années, la société s’est développée et je me suis retrouvé de plus en plus isolé, au point d’en être réduit à un rôle de conseiller scientifique. Korsby m’a mis sur une voie de garage pour me « permettre » de me concentrer sur mon autre rôle, celui de premier chirurgien de Cybertech. » En l’espace d’un instant, le visage de Knowles se transforme et son expression composée cède la place à l’amertume, au ressentiment qu’il éprouve d’avoir être traité ainsi.
« Et combien va me coûter cette petite opération ? »
« Disons 10 000 000 dollars jusqu’au point ou vous pourrez vous emparer intégralement du contrôle de Korsby.
Stark ne sourcille pas devant l’ampleur de la somme. Au lieu de cela, il se contente de demander : « Êtes-vous sûr que le corps de Korsby réagira à vos dispositifs ? Le corps humain rejette naturellement toute invasion par des corps étrangers. »
« En effet, le corps humain possède d’excellents mécanismes de défense et de lutte contre toute invasion par des organismes inconnus. Il est capable de faire la distinction entre ce qui lui appartient et ce qui ne lui appartient pas et réagit contre les cellules non identifiées. Il est donc nécessaire de lui faire croire que mes dispositifs lui appartiennent. »
« Continuez. »
Pour y parvenir, nous utilisons des produits immunosuppressifs. Combinés à la correspondance étroite des « types de tissus » de l’homme et de la machine, ils permettent d’obtenir les résultats escomptés. Je possède déjà les caractéristiques ADN de Korsby sur fichier. »
« Si nous envoyons MGrise directement au cerveau, pourquoi avons-nous besoin d’envoyer d’autres dispositifs vers d’autres organes du corps de Korsby ? »
Or Knowles remarque que Stark parle du projet comme s’il lui appartenait déjà, sans pouvoir rien dire. « Si, et seulement si, les choses ne se déroulent pas comme prévu, ces dispositifs nous offriront une sécurité intégrée. Si nous ne pouvons pas nous emparer de ses facultés, personne d’autre n’y parviendra. »
« Pourquoi est-ce que nous ne pourrions pas tout simplement auto-détruire MGrise. Ce serait certainement suffisant pour éliminer Korsby si nous le souhaitions. »
« Il s’agit là d’un tout autre aspect auquel j’allais venir, M. Stark. »
« C’est-à-dire…? ».
« Mon projet de miniaturisation est relativement innovateur, et je suis certain d’avoir effectué plus de progrès que quiconque dans ce domaine. »
« C’est vrai, M. le président », ajoute Karver, « c’est d’ailleurs pourquoi il est ici. »
« Poursuivez, Docteur… »
« Je ne peux cependant pas garantir que personne d’autre ne possède cette faculté. Si quelqu’un d’autre a accès à cette technologie, il pourrait très bien comprendre ce que nous faisons et communiquer ses impressions à Cybertech. Nous risquerions alors d’avoir de la compagnie dans le corps de Korsby. Notre rival pourrait essayer de s’approprier le corps de Korsby en utilisant mes … euh, vos dispositifs. Bien entendu, toute utilisation incorrecte de MGrise activerait les capsules VO dont l’objectif est d’émettre des virus pour attaquer et infecter les organes vitaux. »
« Vous me dites que mes dispositifs vont être utilises pour décourager toute tentative extérieure visant a nous empêcher de prendre le contrôle de Korsby ? »
« Pas exactement, ils assurent aussi d’autres fonctions, mais leur rôle est essentiellement un role de dissuasion. Cybertech n’a jamais eu de leader aussi puissant que Korsby et elle fera tout ce qui est en son pouvoir pour le garder en vie. Si une autre présence infiltre le corps de Korsby, MGrise nous en avertira immédiatement et l’assaillant ne tardera pas a se rendre compte de l’impossibilité de sa mission. »
« Knowles. Si Cybertech découvre notre projet, ne risque-t-elle pas de se débarrasser de Korsby si elle comprend qu’il n’est plus qu’une… marionnette entre nos mains ? »
M. Stark, ils s’apercevront peut-être de notre pouvoir sur Korsby, mais sans savoir pourquoi. Logiquement, ils nous soupçonneront d’essayer de l’éliminer, mais pas vraiment de le contrôler. Des négociations seront probablement entreprises pour l’épargner, ce qui nous donnera tout le temps de contrôler Korsby et Cybertech. »
Stark se lève et donne a un des gardes de brèves instructions pour obtenir un profil de sécurite sur Knowles, Le garde se rend a la porte, Stark l’ouvre et le garde disparaît dans le murmure de la porte qui se referme.
Vu de prés, Stark est un homme impressionnant Il respire le pouvoir… et il le sait. Sa présence même fait perdre ses moyens a Knowles « Ils vont sûrement remarquer une différence dans le comportement de Korsby II doit falloir un certain temps pour intercepter les messages du cerveau, les décoder, décider de l’action a prendre et renvoyer des instructions. »
Le médecin, qui sent que les choses ne vont pas comme il l’espérait, sait qu’il est temps de révéler son ultime objectif. « M. le président, la personne qui s’emparera du contrôle de Korsby sera elle même connectée a la console d’émission et de décodage d’implant encéphalique qui permet de traiter les messages a la vitesse du cerveau. Les délais éventuels seront négligeables. »
Faudra t’il implanter un dispositif MGrise similaire dans le corps du manipulateur ? »
Pas du tout, M. le président, le contrôle se fera par casque extrêmement sophistiqué, équipe d’électrodes de détection des impulsions du cerveau. » Stark fronce les sourcils. « Je ne suis toujours pas convaincu. Il reste trop d’éléments inconnus. »
Karver tousse, Knowles sursaute, « M. le president, dans trois jours Korsby doit être admis a l’hopital pour une opération de régénération des tissus. Nous pouvons nous arranger pour que le Dr Knowles effectue l’opération ; en fait, il a déjà été retenu provisoirement. Une fois que les dispositifs auront été introduits dans le corps de Korsby, nous aurons un pouvoir total sur le président de Cybertech. Même si n’avons que le temps de prendre une ou deux décisions, ou de signer quelques documents avant d’être exposes, ce délai devrait être suffisant pour provoquer la chute de l’empire Cybertech. Quelques heures à la présidence de la Corporation auront une valeur estimable pour Axiom. L’occasion est trop bonne pour la laisser échapper. »
Le silence qui s’ensuit est interrompu par un léger signal sonore sur le bureau de Stark.
Stark retourne a son bureau et observe sa console de données pendant quelques instants. Confortablement installe dans son fauteuil voluptueux, il regarde Karver, puis se tourne vers le médecin. « Messieurs, ma décision est prise. Vous avez le feu vert. Mais je ne tiens a ce que mon nom ne soit en aucune façon mêlé a cette histoire. Docteur, apportez-moi tous les détails a 11 h 00 demain matin. »
Stark ouvre la porte de son bureau et, sans autre forme de politesse, se tourne vers une pile de données.
Visiblement congédies, Karver et Knowles quittent la pièce pour aller finaliser leurs plans…
Chapitre 2
Slater est infirmier agréé de l’aile médicale de la Corporation Cybertech depuis plus de cinq ans. Pendant cette période. il n’a bénéficie d’aucune promotion, non pas parce qu’il ne possède pas les capacités suffisantes, mais en raison de son manque d’intérêt général. Il est toutefois heureux de son sort, c’est du moins ce qu’il se dit.
En retard comme toujours, il essaie d’enfiler sa combinaison tout en lisant le tableau de service. Quelles taches passionnantes lui a-t-on réservées aujourd’hui ?
10 h 30. Théâtre 12. Régénération des tissus.
Equipe médicale :
Chirurgien principal.: Dr R. Knowles,
Assistant-Chirurgien : Dr A. Wood.
Anesthésiste: F. Clerkson,
Infirmier : A Lopez, Infirmier-auxiliaire : N. Slater.
Comme d’habitude, Slater parcourt a toute vitesse les couloirs de l’hôpital et arrive au théâtre avec tout juste trois minutes de retard.
Lopez n’est pas impressionnée mais, de toutes façons, elle n’est jamais satisfaite.
« Si le Dr Knowles était arrive avant toi, Slater, tu n’aurais jamais plus remis les pieds dans ce théâtre. »
Un des avantages d’arriver en regard, c’est que le patient est prêt et que tous les instruments ont déjà été vérifiés. « Super », se dit Slater, « rien a faire, sauf de faire semblant d’être intéressé. »
Dr Knowles arrive. « Bonjour tout le monde. »
« Bonjour Docteur », répond en choeur toute l’équipe.
« Tout le monde est prêt ? », demande Knowles
« Prêt! » se dit Slater. « Prêt a quoi ? Tout ce qu’on nous demande, c’est de regarder les machines et les ordinateurs faire le travail. »
La table de préparation sur laquelle Korsby est allonge l’emporte vers le bloc opératoire tabulaire. La table se retire en laissant Korsby suspendu au coeur de la toute dernière technologie médicale. L’argent a ses droits.
Le rôle humain dans la médecine moderne se limite essentiellement a surveiller les machines et a activer les systèmes auxiliaires.
L’opération dure moins d’une minute et se déroule sans complication. Le corps de Korsby sous le pouvoir des anesthésiants est très vite replace sur la table de préparation en attendant de le ramener dans ses appartements Les portiers sont appelés et l’équipe médicale disparaît dans un vaste labyrinthe de couloirs d’une propreté immaculée pour vaquer aux autres tâches quotidiennes.
En se rendant à la cafétéria de l’hôpital, Slater s’aperçoit qu’il a laisse son bonnet dans le théâtre d’opération. Se rendre dans une salle d’opération sans les accessoires réglementaires est un motif de renvoi. Sachant qu’il doit assister à une autre opération ce matin, Slater décide d’aller le récupérer.
Qu’elle n’est pas sa surprise de découvrir Knowles et deux autres individus penchés sur le patient, Figé sur le pas de la porte, Slater observe la situation d’un air perplexe. Ils semblent injecter quelque chose à Korsby. Ce qui est surprenant, c’est qu’ils utilisent une seringue comme il y en avait autrefois. Refermant les portes pivotantes avec soin, il ne laisse qu’une petite ouverture pour surveiller la situation.
« Ceux-ci ne bougeront pas jusqu’à ce que nous prenions le contrôle manuel pour les guider vers leur objectif respectif. » Une autre seringue est tendue au Dr Knowles qui pique avec précaution le bras de Korsby.
Slater commence à s’inquiéter en sachant que Korsby devrait déjà avoir regagné ses appartements pour se remettre de l’opération. Une fois qu’une opération s’est déroulée correctement, il n’y a aucune raison pour que le chirurgien revienne s’occuper de son patient, sauf en cas de complications graves. Et même dans ce cas, l’équipe médicale au grand complet doit être rappelée. Les deux individus qui accompagnent Knowles n’ont pas l’air de faire partie d’une équipe médicale et se comportent tout a fait différemment… en fait, Slater ne reconnaît aucun des deux.
« Parfait… ces dispositifs se déclencheront des qu’ils pénétreront dans le sang. » Knowles se tourne vers un de ses assistants. « MGrise, s’il vous plaît… » Il ramène son attention vers le patient.
« OK, tout est en place », annonce Knowles.
Les trois hommes se redressent, mais bien avant qu’ils aient le temps de se retourner, Slater se dépêche de quitter les lieux.
Chapitre 3
Inquiet de ce qu’il vient de voir, sans vraiment comprendre la situation, Slater s’adosse au mur du couloir et réfléchit ce qui s’est passe. La seule chose dont est certain, c’est que Korsby risque d’en souffrir. II doit prévenir son supérieur, Ann Lopez. Il raconte a Lopez qu’il a vu le Dr Кпоwles et ses deux complices avec Korsby après l’орération. II lui répète que Knowles est un homme respecte, dévoué sa cause, et que ses inquiétudes ne sont vraisemblablement pas fondées. Lopez lui indique son accord d’un vague signe de la tête.
Ce n’est que lorsque Slater mentionne la seringue que Lopez cesse de classer ses papiers et qu’elle se tourne vers lui. Cet élément est un plus inquiétant. Le Dr prépare quelque chose qui n’a rien de bon, Lopez en est certaine, mais quoi ?
« Merci Slater, je ferai part de tes observations à nos supérieurs. »
Le sourire aux lèvres, Slater se dirige vers la porte. Peut-être qu’il finira quand même par progresser au sein de la Cybertech.
Lopez s’assoit à son bureau et entre rapidement des commandes sur son poste personnel. Au bout de quelques instant, les détails de la carrière du Dr Knowles s’affichent sur Les terribles implications la frappe immédiatement et elle sort en courant de son bureau pour se diriger vers l’ascenseur.
Au quarante-deuxième étage, l’ascenseur s’immobilise silencieusement.
« Décliner votre identification, votre code d’entreprise, l’étage où vous vous rendez et la personne que vous allez voir. » L’ascenseur SL-A1 lift est une des inventions les plus réussies de Cybertech.
« Lopez. A A21- 427-821-3911 Etage 46, Ferguson, J »
Au terme d’un bref délai, l’ascenseur accepte l’identification de Lopez et poursuit son chemin vers les quatre étages supérieurs.
Lopez fait irruption dans la zone de réception de Ferguson. James Ferguson est le Vice-président de Cybertech. Riche et puissant, il est aussi le directeur du quarante sixième étage qui abrite le centre de commande de la division des recherches scientifiques de Cybertech.
« Je suis désole Mille Lopez, mais M. Ferguson est en réunion. Vous allez devoir patienter. Veuillez vous asseoir. Voulez-vous un… »
Sans laisser a la secrétaire de Ferguson le temps de terminer sa phrase, Lopez se jette sur son bureau et appuie sur le bouton qui ouvre la porte menant dans la vaste salle que James Ferguson appelle « son appartement ».
« Mlle Lopez, quelle agréable surprise, même si vous n’avez pas choisi le meilleur moment. »
« James, je crois que nous avons un sérieux problème. »
Les portes du bureau se referment en claquant.
Chapitre 4
Ferguson sort de son bureau et se précipite vers l’ascenseur express. En quelques secondes, il atteint le cinquième étage, l’appentis qui sert de bureau à Korsby et son associe Steve Grange. Steve Grange est le play-boy classique – bien qu’il ait financé Cybertech avec Korsby au départ, il n’a influence son développement en aucune façon, se contentant d’une place au conseil d’administration et d’une part des bénéfices. Ferguson entre dans le bureau de Steve, s’assoit et lui explique la situation aussi calmement qu’il en est capable.
« James, si je comprend bien ce que tu me racontes, le Dr Knowles a injecté un… assassin a notre président il y a une vingtaine de minutes ? »
« C’est exact. Je ne sais pas ce qu’il a injecte, mais le corps de Korsby est d’ores et déjà menace. Nous devons nous débarrasser de ces intrus. Je suggère de déclencher le projet MICRO. »
Le projet MICRO, ou les secrets de la miniaturisation, ne devait pas être révélé avant quelques mors. Une découverte aussi sensationnelle donnera en effet à Cybertech une marge d’avance sur la concurrence, tout en lui garantissant son statut « Corp 1 ».
« Il ne fait aucune doute que le Or Knowles utilise notre propre technologie pour menacer Korsby. »
Steve Grange observe la ville du haut de son cinquantième étage avant de se retourner vers James. « Est-il possible de suivre les traces de l’assassin ? »
« Oui, Steve, mais sans que Knowles, ni l’organisation pour laquelle il travaille, ne l’apprenne. Il faut transférer le corps de Korsby au laboratoire MICRO et préparer nos propres dispositifs pour les injecter. »
« De combien de temps disposons-nous ? »
« De vingt-cinq minutes environ. »
Est-ce bien suffisant pour préparer les implants ? »
James Ferguson regarde Steve d’un air grave. « Il le faudra bien, nous n’avons pas le choix.
Avant que Ferguson n’ait le temps de terminer, Steve Grange ordonne de préparer un véhicule pour les transporter dans l’aile médicale…